mercredi 16 novembre 2011

Le rite de l’Eucharistie, la communion au « corps du Christ » ? Cannibalisme !

Rappel « culturel » sur nos rites d’initiation et fêtes :
Dans toute culture qui mérite encore ce nom et je ne suis plus sûr que notre culture soit encore une culture de vie, je la considère de plus en plus comme une culture d’esclaves qu’on gave de tout pour mieux nous exploiter et nous faire crever. Certes des ilots de résistance ou de volonté de changer se laissent percevoir et il leur faudra se revitaliser éventuellement par des rites, car pour moi un des signes d’une culture vivante ce sont des rites d’initiation qui accompagnent au cours de l’existence nos étapes de la vie. Ce ne sont certainement pas les beuveries ou autres happening de « morts vivants » ou « gay pride parade » ou autres qui pourront donner sens. Dans notre société occidentale existaient ainsi ce que l’on appelait les « sacrements » et également des fêtes religieuses (censées nous « relier », » reli- gieux » à d’autres dimensions) Tout cela est globalement devenu une vaste foire commerciale de consommation et de frimes.

Reprenons donc les sacrements traditionnels pour une liste et un descriptif rapides
  • Baptême pour l’accueil du nouvel arrivant dans notre communauté d’humains avec ouverture de tous ses sens. 
  • Confirmation : reconnaitre que nous entamons une vie de conscience avec ce « souffle », cet esprit qui doit nous habiter 
  • Confession : la capacité de dire le vrai et la capacité d’échanger 
  • Eucharistie : la participation à ce mystère où le Christ (je le distingue de Jésus) se donne en partage à travers le symbole de son corps pain et de son sang vin 
  • Mariage : l’engagement entre des êtres homme/femme… ou … pour chaque jour construire la communauté et se faire grandir, se libérer mutuellement 
  • Sacerdoce qui nous concerne tous car nous sommes tous « prêtres » pour donner sens, sacraliser, honorer La Vie. 
  • Extrême Onction en préparation et ouverture de ce moment essentiel de notre mort, pour cette mutation vers….à vivre. 
Le sacrement de l'Eucharistie.
Après ce rappel culturel, je vais nous introduire à ce sacrement très abscons de l’Eucharistie: le fait de «partager» le corps du Christ.
Certes pour beaucoup le fait de partager ce pain est le signe de l’échange dans une communauté, de notre engagement à suivre Jésus dans sa façon de vivre. D’ailleurs pour les protestants cela en reste souvent là. Mais pour les catholiques, le corps du Christ est réellement présent dans cette hostie et nous sommes donc invités à le « manger » ?!! Pour beaucoup et souvent des jeunes filles, cela était quelque chose de particulièrement troublant et parfois traumatisant, d’autant que dans ma génération, consignes idiotes de gestes sans sens car non expliqués, c’était un sacrilège de toucher cette hostie, il fallait la laisser fondre dans la bouche, ne pas la toucher avec les dents, être complètement à jeun, etc…. la première fois que j’ai communié, cette "foutue" hostie s’était accrochée à mon palais et impossible de la décoller, j’ai du utiliser mon doigt : sacrilège ! je m’en suis remis ! j’en ai commis bien d’autres des soi-disant sacrilèges depuis !
Toutefois pour approcher ce symbole extrêmement profond de « communion au corps du Christ » voici une autre approche : (comme dit précédemment dans un de mes messages, accrochez vous, je vous invite sur une crête, je vais vous tirer au maxi, à vous de vous hisser au sommet … vous admirerez la complexité du paysage de ce « mystère ». )
Je pars de très loin, de ce texte de la genèse, tout au début, quand Adam et Eve ont mangé la pomme et que Dieu les "punit":  profonde stupidité de voir les choses ainsi : Dieu serait un sadique ! Il faut envoyer paître cette idole là ; non,  la Vie/Dieu, par ce message apparemment dur nous indique des chemins pour devenir enfin humain. Bien sûr qu’il fallait "se l'avaler" cette pomme et affirmer toute sa liberté et autonomie pour devenir humain et non rester des enfants.... colonisés ensuite par des saintes mères églises!
Dieu dit donc à Adam: Genèse 3.19 (traduction bible de Chouraqui, aidé des commentaires des livres de Annick de Souzenelle) « A la sueur de tes narines tu mangeras du pain jusqu’à ce que tu te retournes vers la Adamah, (Adamah= dimension féminine d’accueil et de création de chacun d’entre nous) car d’elle tu as été pris, car poussière toi et vers la poussière retourne toi. »
En retournant vers la « adamah», la dimension féminine de mon être et en me convertissant vers la poussière, symbole non de mon insignifiance (interprétation catholique souvent donnée, encore une bêtise) mais de la multiplicité et diversité et richesse de la vie à la base de mon être, la mutation/renversement, l’entrée dans un autre univers s’opère.
Maintenant ce texte du début de la bible en jouant avec les voyelles et les multiples sens des mots et racines (tradition de la cabale) de à la sueur de tes narines devient: « dans ta force mâle au cœur de la fille » (mêmes racines hébraïques que « à la sueur de tes narines »). Ainsi en nous retournant vers notre dimension féminine, vers la complexité de la multiplicité de notre être, sortant de nos façons de voir limitées, tu mangeras du pain, non plus à la sueur de tes narines, mais en participant « mâle, engagé, responsable, conscient, à ta dimension féminine d’accueil et de création. Et là aussi il faut approcher le sens du mot « pain » pour devenir de nouveau un « mutant » un capable d’évolution et non seulement de « consommation » dans les répétitions mortelles de notre société sans perspective et sans sens.
Effectivement le pain est une mutation du grain de blé (« bar » en hébreu) et « bar » signifie aussi « fils » en hébreu. Et donc l’on peut entendre que le blé transformé en pain que je mange, nourrit mon fils intérieur, ce fils, cet humain que je dois créer en moi.
Et donc la Vie nous donne ce principe ontologique : tourne toi vers la multiplicité riche de ta vie (et cela est scientifiquement vrai car nous sommes le fruit de cette évolution du big bang jusqu’à ce jour) tourne toi (que tu sois homme ou femme) vers la dimension féminine de ton être, et par ces conversions, ce qui apparaissait comme une malédiction devient une bénédiction, car tu mangeras pour créer La Vie, bien au delà de conserver sa vie. 
Jésus alors la veille de son engagement de vie, de son choix d’homme, alors qu’il est pleinement fils d’homme et fils de Dieu/Vie, c’est à dire Christ, ce que nous sommes tous appelés à devenir, prenant du pain, le bénissant, le partageant et le donnant nous dit lors de son dernier repas : prenez et mangez, ceci est mon corps » Le pain, fruit d'une mutation du grain de blé, symbole de cet Homme réalisé, nourrit le corps de ce fils de la Vie que je  suis appelé à faire vivre.
Ainsi ce rituel toujours présent à la messe est certes un acte de « fraternité / communion" entre tous avec ce partage du pain et de nombreux chrétiens le vivent ainsi. Si l’on va donc plus loin il est aussi l’entrée dans ce mystère où réellement le grain de blé devenant pain et ce fils symbole de la réalisation de mon humanité se donne en partage pour que nous mutions et devenions tous fils de la Vie, fils de Dieu. 

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