jeudi 21 juillet 2011

La Vie nous "en-bous-cule"... pour vivre en "face à face".

J’ai souvent eu le sentiment, c’est également mon expérience, que je vivais ma vie comme « marchant à reculons », attaché à du passé, à des préceptes enseignés et avalés sans discernement, à des réflexes/habitudes, tout cela codé tellement profond que cela m’apparaissait comme vérité. Je me suis parfois révolté contre ces conditionnements, ma révolte même me nouait encore plus à ces formatages. La vie pourtant me tirait vers d’autres expériences, d’autres façons de voir. C’est exigeant et déstabilisant de se convertir, surtout d’assumer les choix en accord avec sa vision, de marcher, seul. De marcher en marche avant, en faisant face.
Ainsi ce qui me frappe, c’est que nous ne comprenons rien à la Vie ou aux règles fondamentales/essentielles, ontologiques qui la régissent, aveuglés par toutes les morales instillées par notre « éducation », qui nous jette dans des possessions, des consommations, des frimes, nous coupant de la Vie. Nous marchons en aveugle. Heureusement, la Vie ne lâche pas, ne nous lâche pas, elle nous surprend toujours, nous secoue, parfois à travers des épreuves dures : il faut malheureusement qu’elle nous «en-bous-cule» pour que nous comprenions et que nous sortions enfin des seins maternels, des consommations/ersatz de tout genre et que nous fassions les choix en accord avec la vie et non des choix de survies timorées.
Ne rien comprendre est-ce une constante? Certains même, mode ! , en font une sagesse fainéante du « je sais que je ne sais rien ». Je crois plutôt que être obligé de chercher et comprendre par soi-même , après avoir été en-bous-culé est une règle de vie. Et maintenant « je sais ». J’en témoigne.
Dans la bible, nos parents, frères et sœurs symboliques qui nous parlent de l’existence, n’ont systématiquement, dans un premier temps du moins, rien compris à ce qui leur arrivait et pourtant à chaque fois la Vie/Dieu lui-même leur avait dit et parlé :
  • Adam et Eve n’ont pas compris l’intérêt et la nécessité vitale qu’il y avait à être chassé du paradis terrestre, pour enfin assumer leur vie : une règle ontologique est qu’il faut quitter père, mère, lieu d’origine pour aller vers le pays que soi même on définit : ils ont vécu cela comme une punition ! d’un dieu méchant qui les aurait puni. Lecture fréquente par de nombreuses personnes. Heureusement que ces gens là rejettent violemment ce dieu là, ce dieu punisseur ! 
  • En plus dieu sadique car effectivement il les met devant ce qui apparaît comme une contradiction : « de tous les arbres tu mangeras… mais des fruits de cet arbre là tu ne mangeras pas ». Quoique je fasse : je suis « piégé » « baisé ». Génie de la Vie (de Dieu) qui pour nous rendre libre nous met face à ce qui apparaît comme une contradiction alors qu’il s’agit d’un paradoxe qu’il faut dépasser pour faire son propre choix. Sinon nous ne pouvions qu’ obéir ou être en révolte, rester des enfants, mais certainement pas devenir des êtres autonomes, divins. (l’Eglise d’ailleurs nous maintient « enfants » : ne se définit-elle pas comme la « sainte mère l’église » !) Message éblouissant de la vie. Fais ton choix. Si tu ne fais pas les choix, effectivement les malheurs vont arriver. Il ne s’agit pas d’une menace, d’une punition, mais d’un constat et d’un avertissement. Convertis-toi et marche en face à face. 
  • Adam et Eve n’ont pas plus compris l’un des sens de l’interdiction de manger le fruit, pour que leur « Je » ne meure pas, pour que leur personne humaine ne meure : nous ne pouvons « consommer » l’autre, ou être consommé par l’autre, nous sommes provoqués à créer une relation d’Amour dans la différence non seulement acceptée mais dansée. Mange l’autre par ta volonté de le dominer ou de le posséder ou de le formater ou de… et tu mourras (à moins de muter et de te convertir : autre sens du mot mourir) ; là aussi il ne s’agit pas d’une menace mais d’une loi fondamentale de VIE. 
  • Caen n’a pas compris et pourtant Dieu lui a parlé en direct qu’il avait le choix de la vie en dialoguant avec son frère au lieu de le tuer et en développant ses propres talents au lieu d’être jaloux de ceux des autres… 
  • Noé qui pourtant pendant 40 jours était isolé dans cette nouvelle matrice d’eau, en compagnie de tous ses animaux aurait dû comprendre et bâtir sur ses dimensions animales pour les intégrer. Il n’a pas trouvé mieux que de maudire le fils, cette dimension de lui, qui lui indiquait qu’il était saoul et à poil ! 
  • Les gens de Babel qui voulaient supprimer toute différence et ne vivre que la fusion du nous, n’ont pas compris le cadeau que la Vie leur faisait en les séparant par des langages différents : ils commencèrent à se détester au lieu de s’enrichir et s’épater par les différences. 
  • Ensuite l’Eglise n’a rien compris la plupart du temps dans ses interprétations dogmatiques avec des péchés originels dont on ne sait d’où ils sortent ! A moins que sagesse suprême : l’Eglise nous « enferme » volontairement, consciemment, non pour que nous nous révoltions contre elle, car ce serait encore dépendre d’elle, mais que nous la quittions en vivant notre propre chemin. J’ai quitté cette et ces églises : je trace mon chemin, avec mes mots, ma parole dite au risque de ma vie. En marche. J’ai cette prétention, et j’ai même la prétention de témoigner de ce non chemin, car il n’est pas tracé d’avance. 

je choisis de louer la différence et la cultiver …à la suite de Babel 

je choisis d’accepter mes limites que la vie me pointe et les laisser creuser en moi… à la suite de Noé 

je choisis d’ apprendre à apprécier le bonheur de l’autre au-delà de toute jalousie… à la suite de Caen 

je choisis de sortir des paradis et matrices diverses pour vivre, car maintenant définitivement sorti du sein de ma mère, je ne peux en créer des factices au risque de crever, inhumain et créer un monde d’inhumains… à la suite d’Adam et Eve 

je choisis de vivre la relation où je ne dévore pas l’autre pour enfin créer un monde d’Amour… dans la différence homme/femme dansée…à la suite de Adam et Eve 

je veux entendre différemment ces messages si forts et mythiques de nos ancêtres, pour en les écoutant, prolonger leurs pas. 


Nous avons le choix : 
  • se vivre condamnés à marcher à reculons dans la vie, parce que nous nous cramponnons à des sornettes répétées, qui parce qu’elles sont répétées par une multitude prendraient apparence de vérité. La Vie nous en-bous-culera » Certes, la richesse du monde (fric, gloire, corps sculpté et bronzé) donnera l’illusion d’en-bous-culer les autres ! 
  • Ou alors choix, seule aventure réelle, se bâtir, marcher dans cet espace où il n’y a pas de chemin car de toute façon il n’y a pas de route.. là il faut avoir le courage de regarder les étoiles que la vie offre…et …. A chacun de créer. 

« Ne demande pas ton chemin à quelqu’un qui le connaît, tu risquerais de ne pas te perdre » , disait un Rabbi fameux du 18ème siècle.
Vive les pertes de soi pour des découvertes et des échanges en Amour.

5 commentaires:

  1. Quel texte riche ! Mais faut-il absolument "quitter" religion et Eglise, ou, au contraire, en étant "dedans", trouver sa liberté, tracer son chemin ? Quitter qqchose ou qq'un est un signe qu'on y etait si attaché, lié, qu'on ne peut être libre. Alors, paradoxe, ne pas quitter, c'est peut-être bien être réellement dégagé. Si la religion me dit qqchose, et que je ne suis pas d'accord, alors je vais y regarder à 2 ou 3 fois (la sagesse des anciens n'est pas rien). Si alors je maintiens mon opinion, je vais vivre en fonction de mon opinion. Mais je n'éprouve pas le besoin de tout jeter d'un coup... Merci de nous faire réfléchir à tout ça...

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  2. Trouver sa liberté à l'intérieur de l'Eglise était le choix qui m'a été posé quand j'étais jésuite: certains de mes "collègues" ont fait le choix de rester en étant souvent en porte à faux entre des discours à tenir et ce qu'ils avaient envie de dire. Mon choix fut de chercher la cohérence entre ce que je vis, ce que je dis et l'institution dans laquelle je serai inscrit, dont je serai l'homme "marketing"! Ce fut aussi mon choix vis à vis des couples dans lesquels j'ai vécu... à un moment donné et je parle pour moi car là il s'agit de choix perso, certaines matrices deviennent mortifères. Et il faut avoir le courage de partir, sans amertume, mais nettement. Il est vrai sauf à être "curé" ou religieux, le choix d'avoir de la distance avec l'institution Eglise n'est pas important et donc l'on peut rester...Je doute aujourd'hui que Jésus pourrait rester dans l'Eglise!
    voilà quelques éléments de réponse personnelle... En tout cas merci de ton commentaire et d'une lecture de mon texte.

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  3. Il est vrai que c'est plus simple pour moi, qui ne suis pas tenue es qualité d'être en plein accord avec tout ce qui est dit dans l'Eglise...
    Je me sens cohérente, d'une part avec ce que j'ai reçu par mon éducation, ce que j'ai trouvé d'intéressant par la suite, et ma liberté profonde. Je rappelle qu'un certain Thomas d'Aquin mettait en avant la conscience personnelle...
    Jésus pourrait-il rester dans l'Eglise ? Je crois bien qu'on l'en chasserait !!!! ou du moins, qu'on essaierait de le modeler à l'image de ce qui semble "mieux". A moi de ne pas faire de même, mais de me laisser guider par sa formidable liberté. Amicalement

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  4. merci de votre commentaire: de la compréhension et prolongement que vous apportez. je prie pour que vous soyez toujours guidé par la formidable liberté explosante, responsable et engagé de ce Jésus que nous sommes tous appelés à être.
    très cordialement à vous Fredégonde, qui vu le commentaire que vous avez laissé sur le blog de Caroline et Théo montre que vous êtes également grand parent.
    Nous connaissons nous?

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  5. Oui, on se connaît !!! Je suis la cousine de Gérard....(entr'autres !) et sa cadette de 6 mois. Deviné ?

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