Presque 50 ans après, cela m’a amené à une autre vie, une autre approche de la vie, une autre vision de la vie, parfois sinon souvent à l’envers du « sens courant » ! pas toujours facile à combiner avec le monde ambiant, pas toujours facile à partager! Ce qui prime c’est d’être libre par rapport à la richesse et tous ses liens, le pouvoir et tous ses abus, la notoriété et toutes ses concessions, et je rajoute libre par rapport à toutes les formes de consommations et toutes les addictions : sexes, alcools, tabac, drogues, nourritures… tous ces "détachements" sont fondamentaux pour devenir humain alors que ce qui prime dans notre société, est chanté et loué, ce sont « richesse, pouvoir, célébrité et consommations». Ce "marcher à contre courant" doit toujours être confirmé, chaque jour. Comme je l’écrivais dans mon dernier message, la semaine sainte est un de ces moments où il faut repasser par le questionnement de ses choix, non pour des amputations mais pour des approfondissements qui incluent paradoxalement ce que l’on pensait sacrifier.
Pour illustrer cela, je veux prendre l’un des textes de prière de St Ignace ; elle sous tend la 3ème semaine, au moment d’entrer dans ce passage d’accompagnement avec Jésus et sa capacité à aller sans concession au bout de sa vision, vers une vie « éternelle/autre » : (l’on peut toujours rester bloqué et hérissé par le style ancien de ces textes et les rejeter…ou alors être capable de sentir ce qu’ils véhiculent en dessous ».
Je ne cherche ni ne m’attache à posséder la richesse plutôt que la pauvreté, à vouloir l’honneur plutôt que le déshonneur, à désirer une vie longue plutôt qu’une vie courte, je rajoute, à dévorer tout plutôt que de le contempler.
Et pour aller plus loin dans le choix de vie et l’engagement, Ignace poursuit :" je veux et je choisis la pauvreté avec le Christ pauvre plutôt que la richesse, les humiliations avec le Christ humilié plutôt que les honneurs, et je préfère être regardé comme un sot et un fou plutôt que comme un sage et un prudent en ce monde." Comme on dirait aujourd’hui, connaissant ses limites, il vaut mieux aller au delà, forcer le passage… et c’est pour cela que Ignace appelait cela les 3 humilités.
Relisez ces textes lentement : littérature que tout cela, messages à ranger au grenier des idées dépassées, inutiles, dangereuses, subversives…. En Décembre 1964, il y a 47 ans maintenant, c’était un choix que j’avais signé, j'ai su alors que ce choix était accepté par la Vie. Pourtant à travers ces choix différents, à contre courant, de liberté cultivée, approfondie, la Vie m’a gâté..je participe aujourd’hui de la vie, au delà des consommations et addictions quelles qu’elles soient. Alsacien, j’ai toujours pris les choses au sérieux. Et lors de cette Semaine Sainte, à 66 ans, je renouvelle consciemennt le contrat.
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